Saviez-vous que la Colombie était connue pour abriter la grenouille la plus toxique de la planète ? On y rencontre en effet l’espèce endémique « Phyllobates terribilis », une magnifique grenouille colorée qui peut s’avérer mortelle, même pour l’homme. Si l’on ne retient généralement que la Phyllobates terribilis, d’autres grenouilles venimeuses, toutes aussi fascinantes les unes que les autres, existent en Colombie. On vous en présente quelques-unes …
Sommaire :
- La Colombie, le pays des grenouilles
- La grenouille Phyllobates terribilis (ou Kokoi de Colombie)
- La grenouille Oophaga histrionica (ou grenouille Arlequin)
- La grenouille Oophaga lehmanni (ou grenouille venimeuse de Lehmann)
- Des grenouilles victimes de trafic illégal en Colombie
La Colombie, le pays des grenouilles
Avec plus de 700 espèces sur le territoire, la Colombie est le deuxième pays après le Brésil à dénombrer le plus d’amphibiens au monde. Parmi elles, 63 % sont des espèces endémiques, ce ne sont des espèces que l’on ne retrouve qu’en Colombie.
La région amazonienne est reconnue pour être un excellent habitat pour les grenouilles. Rien que dans la capitale Leticia, on dénombre pas moins de 141 espèces réparties dans plusieurs environnements différents. Les forêts du Pacifique sont également un lieu de choix, c’est d’ailleurs là que l’on retrouve la fameuse Phyllobates terribilis, dont on parlera un peu plus bas. Les plaines des Llanos, au cœur des départements de Casanare ou d’Arauca, sont aussi très propices à la prolifération des grenouilles, notamment en saison des pluies. Enfin, plus surprenant, les zones désertiques de La Guajira ou encore la vallée de la Madgalena sont connues pour abriter de très jolis spécimens.
Les grenouilles venimeuses de Colombie et leurs parures colorées
Si vous rencontrez une grenouille très colorée, il y a de fortes chances pour que celle-ci soit venimeuse. En effet, à la différence d’une grenouille de verre par exemple, qui tente de masquer sa vulnérabilité par des couleurs passe-partout et un art du camouflage très poussé, les grenouilles venimeuses utilisent leur parure colorée pour avertir leurs ennemis de leur dangerosité. Nul besoin de se cacher, la couleur parle d’elle même !
Lorsque les grenouilles venimeuses se sentent en danger, elles sécrètent une toxine particulière sous la peau, qui peut, à des degrés divers, s’avérer dangereuses pour leurs proies, mais aussi pour les humains. Ce venin toxique proviendrait selon les scientifiques de l’alimentation des grenouilles, composée par exemple de fourmis, d’acariens et de coléoptère. Cela explique pourquoi les grenouilles élevées en captivité ne sont a priori pas venimeuses.
Mais pas de panique, les grenouilles venimeuses n’attaquent pas l’homme. Si vous ne la touchez pas, il n’y aura aucun problème. Le risque est si le venin venait à rentrer dans vos muqueuses (par le biais d’une plaie par exemple). Si vous avez touché une grenouille venimeuse lors d’une de vos escapades en Colombie et que vous avez le moindre doute, rendez-vous directement à la pharmacie la plus proche.
La grenouille Phyllobates terribilis (ou Kokoi de Colombie)
On en parlait un peu plus haut, la grenouille la plus venimeuse du monde se trouve en Colombie, plus particulièrement dans les forêts humides de la côte Pacifique, dans le département du Choco. Elle s’appelle la Phyllobates terribilis, mais certains la nomment aussi la Kokoi de Colombie ou encore la « rana dorada » en espagnol.
Il s’agit d’une espèce endémique, cela veut dire qu’on ne la retrouve que dans cette partie du globe. Visuellement, la Kokoi de Colombie adulte est complètement jaune ou parfois orange. Elle mesure 47 mm de long en moyenne (les femelles sont généralement un peu plus grande, environ 50 mm). Avant d’arborer ce jaune uniforme et éclatant, la peau des jeunes Phyllobates terribilis est jaune rayée de noir.
A première vue donc, le petit animal ne paraît pas bien dangereux. Pourtant, méfiez-vous ! La Kokoi de Colombie est connue pour sécréter sous sa peau une toxine particulièrement venimeuse, la batrachotoxine. A son simple contact, cette toxine peut entraîner d’intenses sensations de brûlures et si par malheur, elle pénètre dans le sang, elle peut provoquer une série de spasmes, de convulsions et une paralysie pouvant entraînant la mort. Les indigènes de la région, les Embera, sont d’ailleurs connus pour avoir longtemps utilisé (peut-être même encore aujourd’hui) des grenouilles Phyllobates terribilis pour empoisonner leur proie. Ils frottaient en effet la pointe de leur flèche sur le dos de la grenouille afin de récupérer une partie du poison et ainsi tuer les proies potentielles.
Comme évoqué précédemment, la toxine venimeuse sécrétée par la grenouille Kokoi de Colombie provient de son alimentation, notamment du coléoptères. Contrairement à la plupart des grenouilles, la grenouille Phyllobates terribilis, ne craignant pas vraiment les prédateurs, vit de jour comme de nuit. Elle vit la plupart du temps au sol, posée sur les feuilles tombées des arbres, généralement non loin d’un point d’eau.
La grenouille Kokoi de Colombie, en danger d’extinction ?
Bien qu’elle ne connaît pas vraiment de prédateur naturel, la Phyllobates terribilis est classé depuis 2004 par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) comme une espèce en danger. En cause, la détérioration progressive de son habitat naturel qui la pousse à migrer dans des zones toujours plus reculées. Si aujourd’hui, la déforestation des forêts primaires de la côte Pacifique est illégale, cela n’a pas toujours été le cas et des hectares entiers de forêts ont été rasés dans le passé au profit des champs de coca par exemple. Les extractions minières dans la zone ont également beaucoup nuit à l’environnement de la grenouille, sans compter les captures illégales qui continuent de sévir encore aujourd’hui. Pour inverser cette tendance, plusieurs organismes de protection ont été créés, comme l’Alliance pour Zéro Extinction (AZE), une « Réserve Naturelle Rana Terribilis » de 47 ha a également vu le jour en 2012 par la fondation ProAves, afin de protéger au mieux l’espèce.
La grenouille Oophaga histrionica (ou grenouille Arlequin)
Si l’on parle surtout de la Phyllobates terribilis, d’autres espèces de grenouilles venimeuses (à degré moindre, tout de même) existent en Colombie. Parmi elles, la grenouille Oorphaga histrionica, appelée aussi la grenouille Arlequin. Cette espèce vit dans les forêts tropicales humides, notamment dans les départements d’Antioquia, de Choco ou dans la Vallée de Cauca. Elle fait partie de la famille des Dendrobate, une famille de grenouilles que l’on retrouve également beaucoup au Costa Rica. Elles sont assez petites, mesurant entre 24 et 38 mm seulement. Visuellement, elle peut se présenter sous diverses couleurs, tout dépend de leur zone géographique. Généralement, elle sont noires avec de grandes tâches orange, jaune, rouge, blanche ou encore bleu. Mais beaucoup d’autres colorations existent comme en témoigne ce tableau récapitulatif.
Comme la Phyllobates terribilis, la grenouille Arlequin secrete sous sa peau un venin lorsqu’elle se sent en danger. Bien qu’il soit moins dangereux que celui de la grenouille Kokoi de Colombie, il est largement conseillé d’éviter de toucher la grenouille, ne fut-ce que pour sa tranquilité.
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Le cas particulier de la « Rana Arlequin de la noche estrellada »
Les grenouilles Arlequin sont assez vulnérables aux changements environnementaux, comme ceux de l’eau, de la terre ou de l’air. C’est pourquoi certaines espèces sont malheureusement en voie de disparition. C’est le cas notamment de la magnifique Rana Arlequin de la noche estrellada (grenouille Arlequin de la nuit étoilée, appelée aussi Atelopus aryecue), qui doit nom à sa magnifique couleur, une peau noire tachetée de blanc ou même violet.
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Très menacée, la grenouille est classée sur la Liste Rouge des espèces menacées de la UICN en tant qu’espèce en danger critique d’extinction. Durant les 30 précédentes années, aucune espèce n’a d’ailleurs été recensé par les scientifiques, non pas parce qu’elles avaient complètement disparus mais parce que leur habitat est particulièrement difficile d’accès. Heureusement, grâce aux efforts de la communauté Arahuaca du village de Sogrome, installée au cœur des montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta, on a appris récemment que l’espèce avait perduré dans la région. Selon la mythologie arahuaca, la grenouille Arlequin de la noche estrellada est vue comme la gardienne des eaux et est un symbole de la fertilité. La tribu fait donc particulièrement attention à la survie de l’espèce.
Outre les menaces humaines (directes ou indirectes), la grenouille Arlequin de la noche estrellada est particulièrement sensible à un champignon, le Batrachochytrium dendrobatidis, responsable d’infection qui pourrait à terme décimé près de 30 % du groupe. Tant de menaces que les experts tentent aujourd’hui de contrôler, conjointement avec les tribus indigènes.
La grenouille Oophaga lehmanni (ou grenouille venimeuse de Lehmann)
Autre espèce emblématique des grenouilles venimeuses de Colombie : la grenouille de Lehmann (ou Oophaga lehmanni), une grenouille que l’on retrouve notamment dans les forêts de la Vallée du Cauca, sur les rives du fleuve Dagua. Faisant également partie de la famille des Dendrobate, la grenouille de Lehmann mesure entre 31 et 36 mm. Comme les autres grenouilles venimeuses, elle arbore des couleurs particulièrement vives, soit rouge, orange ou jaune, sur un fond marron ou noir. Il s’agit d’une espèce endémique de Colombie, installée dans les montagnes longeant la côte Pacifique. Elles vivent généralement le jour et se rassemblent en petit groupe.
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Venimeuse, sa toxine peut entraîner chez l’homme une forte douleur et des gonflements, même si sa toxicité est moindre que la grenouille Cocoi de Colombie. Gardez quand même vos distances pour votre sécurité, et la sienne !
Des grenouilles victimes de traffic illégal en Colombie
Malheureusement, malgré les contrôles et les initiatives de protection, les grenouilles, et particulièrement les grenouilles venimeuses de Colombie, sont encore victimes aujourd’hui de traffic illégal. Leurs couleurs vives, leur puissant venin ainsi que leur taille minuscule en font des victimes idéales pour ces transactions peu scrupuleuses. Encore l’année dernière, en 2019, les autorités ont découvert à l’aéroport de Bogota une cargaison de plus de 400 grenouilles (des grenouilles de Lehmann et des grenouilles Arlequin notamment) destinée à être transportées jusqu’en Allemagne pour y être vendue illégalement. Une catastrophe écologique car il faut savoir qu’une fois qu’une grenouille a quitté son habitat naturel, il est souvent impossible pour elle de le regagner par la suite.
Heureusement, des exceptions existent. Un an après la découverte de centaines de grenouilles venimeuses capturées à l’aéroport de Bogota, toute une population de grenouille de Lehmann (79 grenouilles exactement) a pu regagner en juin dernier son habitat naturel, après un long processus de réhabilitation réalisé par le centre de biologie de l’Université del Balle. Rappelons que la chasse et le traffic d’animaux sauvage est strictement interdit en Colombie et passible de lourdes sanctions pénales. Contentons-nous, si nous avons un jour l’extrême privilège de les rencontrer sur notre passage, de les admirer à distance et dans le plus grand respect.
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