Situé au nord-est de la Colombie, proche de la frontière avec le Vénézuela, le parc naturel national Nevada del Cocuy est extrêmement surveillé par un des peuples autochtones de la Colombie : les U’wa ! Ils revendiquent un territoire qui se doit d’être protéger du tourisme. Les montagnes del Cocuy (ou Zizuma en U’wa) représentent ce territoire sacré et est régulièrement au centre des discussions entre le gouvernement et ce peuple indigène.
Sommaire
- Le parc national naturel El Cocuy
- La réglementation pour les touristes
- Les relations entre la communauté U’wa et le gouvernement de Colombie
- Notre rôle en tant que touriste
Le parc national naturel El Cocuy
Composée de paysages naturels à couper le souffle, cette réserve naturelle s’étend sur plus de 306 000 hectares. On estime qu’environ 30% du territoire est occupé par les indigènes U’wa. Aujourd’hui encore, certains d’entre eux continuent à respecter un mode de vie digne des traditions ancestrales tandis que d’autres se tournent davantage vers la culture paysanne de la terre. Tous ces indigènes U’wa, quoi qu’il en soit, revendiquent bien évidemment la préservation de l’environnement.
Malheureusement, à l’ouest du parc, de plus en plus de terres commencent a être cultivées. Ces activités agricoles menacent la faune et la flore qui s’y développent.
De plus, la communauté refuse toute forme de tourisme sur son territoire (partie Est du parc). Ces indigènes considèrent, en effet, que cette activité dégrade leur terre c’est-à-dire l’équilibre de l’environnement. Ils souhaitent d’ailleurs prochainement que l’accès à l’ensemble du parc, pour les touristes, soit tout simplement totalement interdit. Pour rappel, actuellement, la zone Est du parc uniquement (où vivent les U’wa) n’est pas accessible au public.
En fait, le parc National El Cocuy détient une partie de la plus grande zone glaciaire d’Amérique du Sud : la Sierra Nevada del Cocuy. Le peuple U’wa tient à préserver à tout prix les montagnes du parc. Ainsi, des règles strictes sont imposées aux visiteurs et l’accès à certains sommets est même interdit aux touristes.
Le peuple U’wa
Cette communauté autochtone a vu sa population sensiblement diminuer. Autrefois, celle-ci s’élevait à environ 20 000. Actuellement, elle est composée d’environ 7000 habitants. Ce peuple dispose de sa propre langue et est partagé en plusieurs clans. Tous ces indigènes luttent pour la préservation de l’environnement de différentes façons : en refusant que le tourisme se développe sur leur terre (dans le parc national El Cocuy, en empêchant le forage pétrolier sur leur territoire… C’est notamment à travers la défense de ces causes qu’ils se sont fait connaître au niveau national (voire international).
Plus d’informations sur le peuple U’wa ici.
La réglementation pour les touristes
Les touristes détiennent l’autorisation de se rendre dans une partie du parc, seulement dans le coté Ouest. Cependant, l’autorisation d’y pénétrer est extrêmement réglementée. En effet, vous devez bénéficier d’une autorisation préalable pour vous y rendre, souscrire à une assurance sauvetage et assistance, être obligatoirement accompagné d’un guide.
Bien sûr, la présence de quelconques animaux y est prohibée afin de protéger la faune et la flore du parc. Vous ne devez également, en aucun cas, cueillir ou ramasser les éléments naturels que vous observez, caresser ou ne serait-ce que toucher les animaux ou encore sortir des sentiers battus.
De plus, les horaires d’entrée et de sortie sont strictes (ouverture entre 6h et 8h et fermeture entre 13h et 17h). Passer la nuit dans la réserve est totalement proscrite. Par contre, des fincas se situant à différentes entrées du parc sont disponibles pour ceux qui souhaitent y passer la nuit (pour ceux effectuant un trek par exemple).
Par ailleurs, notez que l’accès aux enfants de moins de 10ans est refusé. Le prix de l’entrée au parc s’élève à 73500 pezos pour les touristes étrangers soit 20 dollars US.
Les relations entre la communauté U’wa et le gouvernement du Costa Rica
Les revendications du peuple U’wa
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Le refus de l’exploitation pétrolière dans le parc
Depuis les années 1990 et pendant près de 20 ans, les indigènes ont refusé que des sociétés pétrolières forgent sur leur terre. 4 sociétés ont tenté de s’implanter : Ecopetrol, Royal Dutch Shell, Occidental Petroleum, Repsol YPF.
En fait, les U’wa considèrent que les ressources se trouvant sous la terre (donc également le gaz et le pétrole) ne doivent pas être prélevées puisqu’elles équilibrent la planète. En effet, ils estiment que la composition du sol constitue le sang de la terre.
A travers diverses actions, ils défendent leur terre pour éviter, à tout prix, le forage : blocus sur le lieu de forage, « manifestations »… Ils vont progressivement gagner en visibilité et être entendus. Aucune de ces compagnies ne parviendra à s’implanter dans le parc. Par ailleurs, des incidents ont eu lieu pendant cette lutte, dont un qui marquera un peu plus les esprits : le meurtre par la guérilla des forces armées révolutionnaires de Colombie de 3 indigènes nord-américains, défendeurs de la cause U’wa.
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La suspension du tourisme dans certaines zones notamment sur la montagne el Cocuy
Ensuite, une autre revendication du peuple U’wa est de limiter le tourisme dans le parc, voire de l’interdire. Le nombre de visiteurs est passé de moins de 100 en 2003 à plus de 12 000 en 2015. Pourtant, une partie du massif est en principe déjà fermée, pour préserver les communautés qui y vivent, ainsi que leurs terres. Oui, « En principe »! car certains s’y aventurent tout de même ! Cet acte pose un réel problème puisqu’il constitue, ni plus, ni moins qu’une violation des accords convenus entre le gouvernement et le peuple autochtone.
En 2016, un groupe d’alpinistes colombiens s’est filmé en train de jouer un match de football sur un sommet protégé du parc El Cocuy. Ensuite, cette vidéo a été diffusée par les médias colombiens. Des protestations sont aussitôt survenues de la part de communautés. Quelques temps auparavant, ils avaient, par ailleurs, exprimé leur grande inquiétude concernant la protection des glaciers.
A la suite de cet évènement, l’ensemble du parc restera fermé pendant presqu’1 an pour que des solutions puissent être trouvées. Le gouvernement soutenait de son coté que « la fermeture du parc n’est pas une solution, et qu’au contraire cela générerait un problème, cela restreint le développement économique de la région; par conséquent, nous devons chercher des alternatives de croissance dans aux alentours de la neige, des alternatives commerciales vertes sont nécessaires, des formes de développement génératrices de croissance économique, en équilibre avec l’environnement ».
Les solutions plus ou moins respectées mises en place par le gouvernement
Il arrive que le peuple U’wa et le gouvernement tiennent des réunions et finissent par passer des accords. Cependant, les engagements du gouvernement ne sont pas toujours tenus. Dans une lettre écrite et publiée par les U’wa en 2016, plusieurs de leurs exigences pour protéger leur terre sacrée sont rappelées. Ci-dessous, 2 points qui reviennent régulièrement lors de leurs rencontres :
- Premièrement, après des incidents, le peuple peut réclamer la suspension du tourisme sur l’ensemble du parc naturel. Ils ont le droit de mener des actions collectives et pacifiques pour protester. Par ailleurs, une étude doit être réalisée pour connaître l’impact du tourisme sur le développement du biotope du parc. Les U’wa soutiennent que le tourisme et autres actions sur leur territoire causent la disparition de leur terre.
- Deuxièmement, le peuple autochtone rappelle également dans la lettre que les accords passés et signés en 2014 entre eux et le gouvernement colombien sont toujours effectifs. L’assainissement total de la zone de la réserve U’wa doit donc être poursuivi ; les valeurs et pratiques sociales, culturelles, religieuses et spirituelles des communautés U’wa doivent continuer d’être préservées …
Notre rôle en tant que touriste
Etre touriste ne peut pas signifier aller où l’on veut quand on veut… Il faut se soumettre parfois à des règles, à certaines contraintes pour respecter le territoire à découvrir. Il faut donc trouver un juste milieu entre ce que vous souhaitez visiter sans par ailleurs déconsidérer le milieu et les éventuelles traditions de ses habitants.
Dans ce cas précis, ne vous rendez pas sur les zones interdites du parc. Respectez les consignes, c’est assurer une bonne entente entre les U’wa, le gouvernement colombien et les touristes. Par ailleurs, nous pouvons vous donner le contact d’un membre de la communauté U’wa si vous souhaitez en apprendre davantage sur leur terre et leurs traditions !
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