Mon ascension du glacier Santa Isabel : récit de voyage

Sommaire

• Le mont Santa Isabel en Colombie : l’un des glaciers du Parc Los Nevados
• Le calme avant la tempête …
• Le Páramo : rencontre avec un écosystème hors du commun
• “El Lupino : de loin la plus belle plante que j’ai vue de ma vie”
• De la glace à perte de vue …
• Des souvenirs plein la tête
• Infos pratiques

Le mont Santa Isabel : l’un des glaciers du Parc Los Nevados

4h du matin. Le réveil est difficile, la nuit a été courte. Mais l’excitation est palpable : ce matin, je m’apprête à partir à la découverte du Nevado Santa Isabel de Colombie, l’un des volcans du célèbre Parc National Naturel Los Nevados, situé au centre-Ouest de la Colombie. Culminant à « seulement » 4950 m d’altitude, le glacier Santa Isabel est le glacier le moins haut du parc Los Nevados, ce qui en fait l’un des plus accessibles. Si j’ai choisi ce glacier en particulier, c’est pour deux raisons. La première est pour une question de temps. Mon itinéraire en Colombie étant déjà bien ficelé, je n’avais pas forcément la disponibilité de me lancer dans un trek de deux ou trois jours. Deuxièmement, je dois avouer que, n’étant pas une randonneuse chevronnée, l’idée d’un trek d’une journée me paraissait plus à ma portée. Quitte à revenir et tester d’autres treks une prochaine fois ! À ce propos, je vous incite à consulter notre article sur les différents itinéraires possibles du parc Los Nevados.

Le calme avant la tempête …

4h30 : me voilà donc fin prête pour le grand départ. Une navette vient me chercher. Pour cette expédition, je suis partie avec l’agence Ecosistemas, une agence basée à Manizales, spécialisée dans les treks en montagne dans le Los Nevados. Ecosistemas est une entreprise familiale de la région, réputée pour son engagement à préserver l’environnement. Des valeurs qui collent avec l’idéologie d’Arawak Colombie, soucieux de participer au développement de l’économie locale.

Après 1h de route dans les méandres de la montagne, on s’arrête dans un petit restaurant isolé. C’est l’heure du petit déjeuner ! L’occasion de faire connaissance avec mes compagnons du jour. Nous sommes un groupe de 7, 8 en comptant la guide qui nous accompagnera tout le long de la journée. Au menu : une arepa con queso (évidemment !), du riz, des œufs et du pain. Je découvre aussi la boisson locale : l’aguapanela caliente, une sorte de chocolat chaud agrémenté de canne à sucre. Le repas terminé, nous embarquons dans le véhicule, c’est parti pour 2h de route sur un chemin de montagne particulièrement ardu. Le 4×4 est nécessaire ! Pendant tout le trajet, la guide nous donne quelques informations sur le massif. Le parc Los Nevados est l’ensemble montagneux le plus haut, le plus volcanique et le plus vieux de Colombie. Le plus haut sommet est celui du Volcan Nevado Ruiz, qui culmine à 5321 m. On peut l’observer derrière les nuages. En ce moment, au vu de son activité volcanique intense, il n’est pas possible d’y faire des randonnées.

Le Páramo : rencontre avec un écosystème hors du commun

9h : le 4×4 nous dépose enfin, nous sommes à 4100 m d’altitude. La chance ne semble pas être de notre côté niveau météo, le ciel est fort nuageux et le soleil très timide. Mais le paysage n’en est pas moins incroyable ! On se sent comme seul au bout du monde, entouré d’impressionnants canyons. Une fois les dernières recommandations données, on est prêts pour l’ascension. Le rythme de marche est assez tranquille et la pente n’est pas si raide, je suis rassurée. Notre guide nous invite à faire de nombreuses pauses. L’occasion de récupérer, de boire de l’eau et de s’adonner à quelques exercices de respiration, chose essentielle si l’on ne veut pas être victime du mal des montagnes. Ces pauses sont aussi l’occasion pour notre guide de nous en dire un peu plus sur l’écosystème que nous traversons en ce moment : le Páramo. Cet écosystème, le plus jeune au monde, se rencontre lorsque deux conditions sont réunies : il doit être situé dans la zone équatoriale et dépasser les 3000 m d’altitude (tout en restant en dessous des neiges éternelles). On découvre tout au long du chemin la plante typique du Páramo : le Frailejon, donnant au paysage une impression de féerie, presque fantasmagorique … La guide nous apprend que ces plantes sont très fragiles. Si elles peuvent surmonter les conditions climatiques les plus extrêmes, un seul contact avec une main humaine peut les détruire à tout jamais. On garde donc les mains dans les poches et on se contente d’observer en spectateur conquis ce spectacle exceptionnel. Il faut en profiter car malheureusement, les Frailejones sont fortement impactées par le changement climatique, entraînant une migration lente vers les sommets. Le glacier Santa Isabel lui-même est condamné et voué à disparaître de la Colombie dans quelques années. Triste réalité …

“El Lupino : de loin la plus belle plante que j’ai vue de ma vie”

Après 2-3h de marche, les conditions climatiques se font plus intenses. Nous entrons dans ce qu’on appelle le Superparamo, un écosystème que l’on rencontre à plus de 4500 m d’altitude. Les plantes sont plus rares, le paysage devient plus rocheux. On aperçoit les vestiges des coulées de lave des anciennes éruptions. Le froid commence à vraiment se ressentir, les gants et le bonnet sont indispensables. Au fur et à mesure que l’on approche de la zone glaciaire, les premiers flocons de neige se font ressentir. C’est alors que nous croisons le chemin d’une plante extraordinaire, de loin la plus belle plante que j’ai vue dans ma vie : El Lupino. Recouverte d’un léger manteau de glace, on croirait observer du cristal. La plante brille de mille feux, c’est tout simplement magnifique ! Rien que pour cette rencontre, cette journée valait le coup.

De la glace à perte de vue …

On traverse une zone abritant de nombreux cours d’eau : une eau laiteuse, parfois turquoise. Sans doute le résultat de la fonte de glace … En effet, quelques derniers mètres nous séparent de la zone glaciaire. Le froid mêlé au vent devient de plus en plus pénible, mais ce n’est pas le moment de lâcher ! Après quelques derniers efforts, nous y arrivons enfin : 4700 m d’altitude. Le décor est surprenant : une couche de glace qui s’étend à l’horizon. Certains colombiens du groupe voient la neige pour la première fois, le moment est presque émouvant, même pour moi ! Mais l’émotion passée, la réalité du froid me rappelle à l’ordre. Je suis frigorifiée ! Note pour plus tard : quand il pleut, il faut protéger ses mains de la pluie, sinon les gants (non imperméables) deviendront vite très inutiles. Il est temps redescendre.

Des souvenirs plein la tête

Sur le chemin du retour, j’ai l’impression de redécouvrir un tout nouveau paysage. Entre temps, la pluie a cessé, les nuages se dispersent, la vue sur les montagnes avoisinantes est saisissante. Petit à petit, nous regagnons le point de départ, fatigués mais heureux d’avoir vécu cette aventure. Le véhicule nous attend. Un dernier regard vers le sommet et nous montons un par un dans le 4×4. A mi chemin, nous retournons dans le restaurant de ce matin pour un déjeuner bien mérité, avant de parcourir les derniers kilomètres qui nous séparent de la ville de Manizales. C’est l’heure de tirer les bilans ! Bien qu’on n’ait pas été vraiment gâtés par la météo, le jeu en valait largement la chandelle …

Infos pratiques :

• Prix : comptez une soixantaine d’euros pour l’ascension du Mont Santa Isabel en Colombie. Le pack comprend également une entrée réduite à 13.000 pesos (au lieu de 40.000) pour les eaux thermales de Manizales.
• Durée : la randonnée en tant que telle dure environ 5h. A cela s’ajoute les heures de transport (2h aller – 2 h retour).
• Le matériel nécessaire : n’oubliez pas de prendre de l’eau en suffisance, un petit snack (de préférence pas trop sucré), des vêtements imperméables en cas de pluie, des gants et un bonnet et bien sûr, votre crème solaire.

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