
La musique en Colombie est un véritable carrefour culturel et joue un rôle fondamental dans la construction de l’identité nationale. À travers ses différentes régions – des montagnes andines aux côtes caraïbes et pacifiques – se déploie une riche diversité de styles musicaux, tous empreints d’un métissage unique entre héritages africains, européens et autochtones. Parmi ces genres, le Vallenato, originaire de la côte caraïbe, occupe une place emblématique. Mais il n’est pas seul à refléter l’âme du peuple colombien : du currulao au mapalé, en passant par la champeta ou la salsa choke, chaque rythme raconte une histoire, incarne une lutte, ou célèbre la joie d’un peuple en mouvement.
Sommaire :
I-Le Vallenato
Originaire de la côté Caraïbe, le Vallenato est un genre autochtone avec des influences européennes. Il fait référence à la vallée de Valldupar. Il est un métissage culturel entre trois principales affluences : l’Europe, notamment avec la narrative espagnole, l’Afrique pour le rythme (le vallenato est un style qui utilise beaucoup de percussions) et indigène avec des mélodies et des influences autochtones. Parmi les instruments typiques on retrouve l’accordéon diatonique, la caja vallenata (petit tambour d’origine africaine, joué avec les mains), et la Guacharaca (instrument de percussion frottée d’origine indigène). Le Vallenato est un genre musical narratif : il raconte des histoires. Ces histoires sont souvent des histoires d’amour, tragiques ou impossibles, mais également des revendications sociales.
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Le célèbre écrivain Gabriel Garcia Marquez a dit s’être inspiré de cette musique pour son roman Cent ans de solitude, il le décrit lui même comme étant « un vallenato de 350 pages« .
Il existe plusieurs figures emblématiques du vallenato comme Guillermo Buitrago qui à popularisé le genre, ou encore Alejandro Durian. Tous les ans, un festival autour de cette musique est organisé, il se nomme « festival de la leyenda Vallenata » qui se déroule tous les ans au mois d’avril.
En 2015, le genre musical est entré au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
II-Le Burro
Le Burro est un rythme folklorique apparenté au Vallenato. Même s’il n’est pas considéré comme un genre à part entière, il n’en reste pas moins important dans la culture colombienne. Plus populaire, il a vu le jour dans les campagnes du pays, plus particulièrement celles des Caraïbes. Les chants du Burro sont des chants populaires, elles parlent du travail, de la vie rurale, mais également des valeurs comme la loyauté. Le Burro est donc un sous-genre à la croisée de plusieurs chemins : le milieu de la campagne, la musique caribéenne et le folklore colombien.
III-Le Mapalé
Le Mapalé est en premier lieu une musique aux influences africaines. Il a en effet été importé en Colombie par des esclaves africains à l’époque coloniale. Il était une figure de résistance culturelle pour les afro descendants, et reste aujourd’hui un moyen de revendication fort. Le Mapalé est toujours très populaire et est présent chaque année lors du festival de Barranquilla, l’un des plus spectaculaires en Colombie. Les instruments qui composent le Mapalé sont le tambour et les maracas. Il est souvent accompagné par des « palmas » qui sont des claquements de mains.
Le Mapalé doit son nom à un poisson tropical, il a été nommé ainsi car les personnes qui le dansent font les mêmes mouvements que ce dernier dans l’eau !
Très rapide, c’est un genre musical fait pour être dansé. Il est même parfois ponctué d’acrobaties ! Ce rythme très saccadé est également appelé rythme « syncopé ».
Parmi les groupes de Mapalé les plus écoutés aujourd’hui on retrouve Los Palenqueros.
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IV-Le Bullerengue
Tout comme le mapalé, est un genre d’origine africaine, il s’est principalement diffusé dans les régions de Bolivar, Atlantico, Sucre et Antioquia.
Musique transmise oralement dans un premier temps, le bullerengue c’est un chant rituel que l’on interprète lors des rites de passages à la puberté. Il est aujourd’hui un symbole de fertilité, que l’on associe aux femmes. Il existe plusieurs types de bullerengue : celui qui se chante assis, le bullerengue chalupa, plus dansant on le joue dans les fêtes. Enfin, il existe également le bullerengue cantao, plus lyrique, on l’utilise pour faire passer des émotions aux auditeurs. La formation musicale du bullerengue est assez codifiée : une femme commence à chanter, puis un chœur composé d’autres femmes répète ce qu’elle chante. Des hommes les accompagnent mais au tambour, instrument principal du bullerengue.
Le bullerengue connait en ce moment une nouvelle valorisation par le biais de la jeunesse.
Ce style musical est principalement porté par des femmes, comme Petrona Martinez et et Pabla Flores.
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V-La Champeta
Née dans les quartiers populaires de Carthagènes des indes dans les années 1970, la champeta est également un style aux inspirations afro descendantes. C’est un outil de revendication culturelle. Anciennement méprisée par les élites, elle est aujourd’hui reconsidérée à sa juste valeur, notamment par Shakira qui en 2020 lors de sa prestation au super bowl a inclus un solo de champeta. Le style connait des influences africaines mais également antillaises. La danse liée à la champeta est très sensuelle, elle était une manière d’affirmer la liberté corporelle, notamment celle de la femme.
C’est un style musical plutôt coloré. On l’élabore à partir de boîtes à rythmes, de picos (des sounds systems) et de guitare.
Parmi les artistes qui ont permis de faire connaitre la champeta on dénomme Charles King, le pionnier du style.
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VI-Le bambuco
Le bambuco est une musique andine qui s’est plutôt développée dans les régions de Santander et de Boyacá. Il est un mélange de plusieurs traditions : espagnoles africaines et indigènes. Il est hérité des quechas, et était originellement interprété par des céramistes. Même si les influences espagnoles et africaines sont présentes, elles n’ont pas excessivement modifié l’essence même du bambuco, ce qui est rare pour un style musical. On le compare parfois au vals péruvien. C’est une musique folklorique et patriotique, elle a notamment accompagné Simon Bolivar, célèbre libérateur colombien, c’est lui qui à fait du bambuco un symbole national.
Le stylé musical est lent, on le joue avec une guitare, de la bandola andine et de la flûte.
On le célèbre chaque année au festival San Juan y San Pedro.
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VII-La salsa choke
La salsa choke est un style musical et de danse originaire de la Colombie, en particulier de la région du Pacifique, et plus précisément de la ville de Cali, souvent appelée la « capitale mondiale de la salsa ». Ce style est né en 2004, dans les quartiers populaires afro-colombiens, notamment à Buenaventura et à Tumaco, avant de se répandre à Cali. La salsa choke est un mélange de salsa traditionnelle et de rythmes attribués à la musique urbaine (notamment au reggaeton) vous y retrouverez donc des cuivres mais aussi des beats. La salsa choke est plus rythmée que la salsa traditionnelle, grâce notamment à ces influences urbaines. On l’appelle ainsi parce que pour la danser, il fallait bouger son corps de façon frénétique.
Le style a gagné en visibilité quand la sélection nationale colombienne de football l’a popularisée lors de la Coupe du Monde 2014, en dansant sur des morceaux de salsa choke pour célébrer leurs buts.
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