
Il y a des endroits où la vie semble voguer à un autre rythme, où les bruits et la frénésie de la ville laisse place à la tranquillité et la quiétude. C’est le cas de Nueva Venecia, petite bourgade située au nord-ouest de la Colombie, qui a la particularité d’être le seul village du pays entièrement fluvial. Ici, pas de voiture et pas de route, on se déplace de maison en maison en canoé. Zoom sur ce village hors du commun, totalement préservé du tourisme de masse.
Pas d’avenue, pas de route, pas de rue, …
Situé au cœur de la Cienaga Grande de Santa Marta, entre lacs, mangroves et marais, le petit village de Nueva Venecia a de quoi surprendre. A l’instar de la célèbre ville italienne (Nueva Venecia signifie « Nouvelle Venise » en français), le village est entièrement entouré par les eaux. Pas d’avenue, pas de route, pas de rue, … chaque maison, construite en bois, sur pilotis et généralement colorée, est indépendante des autres. Que ce soit pour aller à l’école, faire les courses ou simplement rendre visite à des voisins, le canoé fait partie intégrante du quotidien des habitants de ce village étonnant. Même les animaux domestiques ont pris l’habitude de se déplacer en nageant. Seule une connexion existe dans le village : un pont, qui relie l’école primaire à l’école secondaire, l’église et le salon communal. Environ 500 maisons peuplent le village de Nueva Venecia de Colombie, ce qui correspond à une population de près de 3000 personnes.
En bref, un petit village paisible, loin des tumultes de la ville et des klaxons des voitures et encore peu connu des touristes. Un lieu pas forcément facile d’accès, qui peu surprendre le visiteur non averti par son extrême pauvreté mais qui réchauffe le cœur par l’amabilité de ses habitants et sa nature avoisinante exceptionnelle.
Le foot a toujours occupé une place très importante pour les Colombiens, et le village de Nueva Venecia n’y fait pas exception. Jusqu’il y a quelques années encore, les jeunes villageois utilisaient un petit îlot de terre pour dribbler la balle, un îlot uniquement disponible entre décembre et juin avant d’être complètement engloutis par les eaux durant les pluies saisonnières. Jusqu’en 2015 où la figure du football national Radamel Falcao Garcia, appuyé par plusieurs institutions nationales, offrirent au village le tout premier terrain de foot complètement construit sur l’eau du pays. Tous les jours, une fois l’école terminée, le terrain s’anime aux cris des jeunes du village, heureux de pouvoir se défouler et pratiquer l’un de leur sport favori. Un bon moment de partage et d’euphorie à observer !
Au rythme de la pêche
Assez logiquement, l’une des occupations principales des habitants de Nueva Venecia reste la pêche, une grande partie de l’économie locale est basée là-dessus. Chaque jour, les pêcheurs sillonnent les eaux de la Cienaga Grande de Santa Marta, munis de leur filet conçus à la main, à la recherche des plus beaux spécimens. La zone est particulièrement reconnue pour sa grande variété de poissons, du Bocachio au Mojarra tacheté, en passant par le Sábalo. Malheureusement, la récolte n’est pas toujours aussi fructueuse qu’espérée. Dans les yeux des anciens pêcheurs se lit une certaine nostalgie des temps passés, où le poisson se pêchait en abondance. La faute aux eaux de la Cienaga, plus troubles et plus salées qui éloignent petit à petit les poissons et avec eux la garantie d’une économie stable et pérenne.
La Nueva Venecia : une zone peu habituée au tourisme
Découvrir Nueva Venecia, c’est aussi participer au développement social et économique de la région. On est loin des grands resorts touristiques et des grandes affluences. A vrai dire, si vous avez la chance d’y faire un saut, vous serez probablement le seul touriste à la ronde. L’occasion d’observer, toujours dans le respect, une réalité parfois un peu moins glamour que ce qu’on a moins l’habitude de voir. Les habitants ne roulent pas sur l’or, la vie est simple, parfois difficile. Ici, on cuisine à la bonbonne de gaz, les eaux usées ne sont pas traitées, le signal téléphonique et le réseau internet est très aléatoire et à 19h tapante, toutes les lumières des maisons s’éteignent … Mais la bonne humeur est toujours de mise. La solidarité aussi. Si tu as un souci quelconque avec ton cané, que tu te retrouves sans transport, tu sais que tu peux toujours emprunter celui du voisin.
On danse ?
Et qui dit bonne humeur, dit fête. Le village a beau être tranquille, cela n’empêche pas quelques soirées endiablées au rythme des musiques de la région et aux saveurs du rhum local. Régulièrement, les villageois se retrouvent dans le Salon Communal pour danser parfois jusqu’au petites heures de la nuit. Le village organise même son propre carnaval chaque année. Les ingrédients ne diffèrent guère des autres carnavals de la région : de la musique, des déguisements, des couleurs et des danses traditionnelles. Si ce n’est qu’à Nueva Venecia, les habitants ne défilent pas sur des chars, mais sur … des canoës bien entendu !
La bonne humeur ambiante n’efface malheureusement pas les traumatismes du passé. A Nueva Venecia, en Colombie, il y a une date qui résonne encore douloureusement dans toutes les mémoires : le 22 novembre 2000. Aux petites heures du matin, 70 paramilitaires du groupe armé AUC massacrèrent pas moins de 39 pêcheurs du village. La tranquillité et la quiétude pourtant d’accoutumé dans le village fit place à la stupeur et à l’horreur. Il s’agit encore aujourd’hui de l’un des événements les plus tragiques des Caraïbes. Suite à cet épisode traumatisant, de nombreuses familles ont quitté Nueva Venecia pour se réfugier sur la terre ferme. Mais pour nombres d’entre eux, l’exil n’aura pas duré très longtemps, les villageois étant profondément attachés à leur « terres ». Aujourd’hui, le calme est revenu sur les eaux de la Cienaga Grande, mais la blessure, elle, reste vive.
Comment y accéder ?
Comme on peut s’en douter, l’accès au village n’est pas chose aisée. Différents itinéraires sont possibles.
Première option, vous pouvez partir rejoindre le charmant village de Cienaga en voiture ou en bus depuis Santa Marta (trajet de 30 min pour 2000 pesos, soit 50 cents) ou depuis Barranquilla (entre 10.000 et 15-000 pesos, soit entre 2,6 et 4 eur par personne). Une fois à Cienaga, différentes lanchas seront disponibles pour traverser les eaux de la Cienaga Grande de Santa Marta et accéder à Nueva Venecia.
Autre possibilité, vous pouvez aussi démarrer de Barranquilla (de nombreuses compagnies de bus ou d’avion relient Baranquilla aux principales villes du pays). Depuis Barranquilla, vous pouvez soit embarquer dans une lancha privée via le Rio Magdalena, vous en aurez pour 300.000 pesos environ (80 EUR), soit vous rendre d’abord jusqu’au village Tasajera via les terres. Le trajet durera environ 2 heures et vous coûtera entre 30.000 et 50.000 pesos (entre 8 et 13 EUR). Il est possible d’accéder à Tasajera depuis Santa Marta (40 min à 1h de trajet). Une fois arrivé à Tasajera, vous rencontrerez de nombreux pêcheurs qui vous proposeront de vous emmener jusqu’à Nueva Venecia. Comptez 1h- 1h30 de trajet Avant d’atteindre enfin la Nueva Venecia, la ville flottante de Colombie.
Que faire dans les environs ?
Ciénaga, la capitale du réalisme magique
A défaut de pouvoir loger dans le village même de Nueva Venecia, n’hésitez pas à poser vos valises dans la jolie ville de Vienaga, l’une des plus proches de Nueva Venecia. Considérée par beaucoup comme la capitale colombienne du réalisme magique, la ville de Cienada inspira le célèbre écrivain Gabriel García Marquez pour son roman « Cien años de soledad ». Baladez-vous le long des grandes maisons d’époque coloniale et certains vestiges de la grande époque « bananera », tels que le manoir de la Logia Masónica, véritable perle architecturale ou la Antigua Estación de Ferrocarril. Faites un tour également du côté de la Casa del Diablo, autre manoir empli de mistère a la limite de l’explicable et qui fascine depuis de nombreuses années les habitants de Ciénaga et ses visiteurs. En fin de journée, promenez-vous sur le chemin Camellón de Ciénaga et terminez par une petite baignade sur les cotes de Costa Verde. Et pour encore un peu plus de détente, rendez-vous aux eaux thermales de Ciénaga, que l’on doit à la présence non loin du jeune (30 ans à peine !) volcan del Totumo. Bon moment de décompression en perspective !
Voir cette publication sur Instagram
Le Sanctuaire de la Faune et la Flore Ciénaga Grande de Santa Marta
Les eaux du Ciénaga Grande de Santa Marta n’abritent pas que des villages flottants, elles sont aussi le temple d’une nature sauvage exceptionnelle, refuge de nombreuses espèces animales. Le Sanctuaire de Faune et de Flore fut créé en 1977 et présente une superficie de 23.000 hectares. En 1998, 5000 hectares de mangroves supplémentaires ont été rajoutés, ce qui en fait l’un des plus importants du pays. Il fut même déclaré en 2000 Réserve de Biosphère par l’UNESCO. 199 espèces d’oiseaux, résidents ou migratoires, peuplent les lieux, sans compter le Cabiaï, plus grand rongeur au monde, le raton laveur, la loutre, le lamantin, ainsi que de nombreux reptiles. Non loin de là, n’hésitez à visiter aussi le Parque Nacional Natural Vía Isla de Salamanca, autre zone protégée de la région, composée e splendides mangroves à admirer. Un voyage sur l’eau au cœur de la nature sauvage qui ne vous laissera pas de marbre !
Voir cette publication sur Instagram
En tant qu’agence locale réceptive, nous pouvons vous organiser une étape de tourisme solidaire à Nueva Venecia en Colombie, dans le respect des populations locales. Intéressé.e ? Contactez-nous.
882